SAUVETAGE D'ENTREPRISES
LA PISTE DE LA REPRISE PAR LES TRAVAILLEURS
Sobelair, Sigma Coatings, Alstom Beyne-Heusay,… les
affres des entreprises chancelantes défrayent chaque semaine la chronique
de l’actualité.
Chez nous, lorsqu’une entreprises est défaillante, on se contente
encore souvent d’une alternative simple: ou il y a un repreneur
extérieur, ou c’est la fermeture, avec un cortège de prépensions,
de primes de licenciements et d’accompagnement social. Trop souvent,
c’est la fermeture, un cimetière économique et social.
D’autres pays ont expérimenté depuis longtemps la piste de la reprise
d’entreprises en difficultés par les travailleurs. Ces pays ont mis
au point et rodé les formules de reprise par les travailleurs à grande
échelle, depuis des dizaines d’années, souvent avec un appui actif
des pouvoirs publics.
L’Espagne, les Etats-Unis ont une expérience de quarante années. En
Finlande, en Grande-Bretagne, en Italie, des programmes d’accompagnement
sont opérationnels.
Pourquoi pas aussi chez nous ?
En cas de difficultés ou de faillites, cela passe en général par la
constitution d’une nouvelle société, dont les travailleurs détiennent
le capital en majorité. Les salariés d’une entreprise connaissent
généralement mieux que quiconque les aspects opérationnels, techniques
ou commerciaux. Cela permet souvent de relancer l’activité de manière
plus flexible et plus efficace, de sauver définitivement et de relancer
la création d’emplois.
A cette maîtrise technique et opérationnelle, il faut généralement
apporter un soutien extérieur pour la maîtrise des aspects de gestion
et de financement.
L’Espagne est le pays qui a développé ces pratiques de la manière
la plus systématique et la plus spectaculaire, jusqu’à en faire un
modèle juridique spécifique : ce sont les sociedades laborales (sociétés
de travailleurs associés). Après une vingtaine d’année d’expérimentations
variées au cours des années ’60, ’70 et ’80 du siècle dernier, une
première législation a été adoptée en Espagne en 1986 (loi instituant
les sociedades anonimas laborales), et une deuxième en 1997
(loi créant le statut de sociedad laboral à responsabilité limitée).
Au départ, le mouvement est né dans des régions aussi contrastées
que le Pays Basque, avec ses industries lourdes en déclin, ou l’Andalousie,
pays de tourisme et de soleil… Actuellement en Espagne, les sociedades
laborales sont plus de 17.000, et cela représente 105.000 emplois.
Appliquées aux proportions de la Belgique, ces chiffres correspondraient
chez nous à quelque 4 à 5.000 sauvetages et créations d’entreprises
et 26.000 emplois.
Aux Etats-Unis, 8 Etats américains ont installé des centres publics
d’assistance pour faciliter la reprise d’entreprises en difficultés
par les travailleurs. Un bon exemple est celui du Ohio Employee Ownership
Center attaché à l’Université de Kent dans l’Etat de l’Ohio, en 1987
(voir http://www.kent.edu/oeoc
) Ce centre apporte l’indispensable soutien en matière de gestion
et de formation à la gestion qui permet aux travailleurs de reprendre
et de redynamiser les entreprises dans de bonnes conditions.
Cette expérience américaine se retrouve aussi en Espagne : chaque
grande ville d’Espagne est le siège d’un centre d’entreprises spécialisé
dans l’aide à la gestion et à la formation des travailleurs et du
management des sociedades laborales.
Le succès de ces formules repose en bonne partie sur la création d’un
environnement positif:
- appui des acteurs sociaux
- soutien des acteurs économiques
- assistance de professionnels de la gestion (réviseurs, experts-comptables,
etc)
- formules de financement adaptées
- consensus politique.
Le programme que nous entamons en Belgique vise à sensibiliser et
à organiser les réseaux d’acteurs sociaux, économiques, professionnels,
financiers et politiques qui permettront le succès de ces formules
chez nous aussi.
Objectif essentiel :
Dans les situations de difficultés ou de transmission d’entreprises,
créer les conditions pour que la piste de la reprise par les travailleurs
soit toujours examinée sérieusement, et lui donner les meilleures
chances de réussite.
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Une
bonne présentation de 2 minutes en audio:
Bons
exemples dans d'autres pays:
France:
Transmettre une entreprise à ses salariés en SCOP (coopérative)
Quelques photos de sociedades laborales
au Pays Basque
Revue
de la presse des reprises d'entreprises ("buyouts") en cours
en ce moment dans les pays anglo-saxons
Ohio:
comment sont organisées les reprises d'entreprises par les
salariés dans l'Ohio
Grande Bretagne, le Baxi
Investment Fund http://www.baxipartnership.co.uk/
Pour
en savoir plus: notre programme de développement des sociétés
de travailleurs associés en Belgique (pdf)